Le 28 novembre 2017, en visite à Ouagadougou, le Président français Emmanuel Macron a statué, concernant la restitution du patrimoine africain, que « d’ici cinq ans les conditions seront réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». Un an après sa déclaration, l’historienne française Bénédicte Savoy et l’économiste sénégalais Felwin Sarr, rendent leur rapport intitulé Restituer le patrimoine africain.

Quelques jours après, le chef d’état décide de rendre 26 œuvres dérobées pendant la conquête coloniale au Bénin et un grand chantier est entamé afin de créer un cadre juridique favorisant le restitution du patrimoine spolié. Ce geste fort  relance de nombreux débats, notamment l’importance pour les jeunes générations de se réapproprier leur culture perdue et donc leur identité africaine mais aussi celui de l’absence en Afrique de musées aux standards européens et de personnel qualifié.

Le sujet va s’essouffler, en effet, toute la complexité réside dans le fait que la loi en vigueur ne permet pas de condamner les préjudices durant la colonisation et il est difficile de prouver que les œuvres acquises sont le fruit de pillages.  

Au Quai Branly, c’est pas loin de 69 000 pièces qui composent les collections d’Afrique, la tâche s’annonce monumentale et chronophage.

Restitution de son patrimoine au Sénégal.

 

Remise du sabre à Dakar pour célébrer la restitution du patrimoine africain

Cérémonie de la remise du sabre d’El Hadji Oumar Foutiyou Tall à Dakar.

 

La visite du Premier ministre français Edouard Philippe à Dakar relance le sujet. Une cérémonie officielle est organisée afin de remettre le sabre du conquérant musulman sénégalais El hadji Oumar Foutiyou Tall au président Macky Sall. Pour le chef de l’État sénégalais « la France ouvre la voie à tous ceux qui détiennent le patrimoine africain » et rappelle que cette remise du sabre entre dans le cadre de la restitution du patrimoine africain décidé par le président Macron à la suite du rapport des universitaires Felwine Sarr et Bénédicte Savoy.

Parallèlement, l’Open Society, réseau de fondations qui distribue plus d’un milliard de dollars chaque année aux ONG et milite pour les droits de l’homme dans le monde,annonce, lors du Forum de la paix à Paris, son « initiative pour appuyer les réseaux et les organisations qui s’efforcent de rendre à l’Afrique le patrimoine qui est le sien et lui revient de droit » et 15 millions de dollars sont débloqués afin d’accélérer le court de l’histoire. Ces fonds sont dédiés à la création d’associations et de partenariats, au perfectionnement des connaissances des archivistes et directeurs de musées africains mais aussi à la formation des experts et chercheurs africains sur la question du patrimoine africain et de sa restitution.

Les choses semblent donc avancer timidement mais l’historienne Bénédicte Savoy reste optimiste « Les Européens ont pris conscience que les œuvres conservées dans leurs musées ne sont pas arrivées en hélicoptère avec des fleurs et du parfum mais pour la plupart dans une extrême violence (…) Ce rapport est dans le monde, il a fait bouger beaucoup de lignes et va continuer de le faire ».

Pour approfondir le sujet, retrouvez Bénédicte Savoy lors de son intervention sur le patrimoine africain à l’antenne de RFI dans l’émission Appel sur l’actualité du 26 Novembre dernier.